Comment j'ai atterri ici, dans cette putain de chambre capitonnée sans clope ni bière ? C'était il y a... 2 ans. 5 mois. 8 jours. Et 4 heures. Je compte car c'est tout ce qui me reste, avec mes prières. Ouais, ça faisait une semaine que j'étais en internement à l'asile. Les médocs me rendaient incapable de contrôler mes pouvoirs, alors les docs ont testés les électrochoc. Ça a empiré. J'ai complètement pété les plombs quand ils ont voulu griller mon cerveau.
Chap.8 : Home Sweet Home !
Je sais pas, j'avais si mal que je chialai et que je voulais que ça stop. Qu'ils arrêtent. Qu'ils arrêtent ce putain de traitement de choque car ça servait à rien... Rien... RIEN BORDEL ! J'ai juste saisi cette saloperie de machine et l'ai écrasé sur ces salopards d'infirmiers qui riaient presque de leur connerie. Ils ont moins rit quand je les ai saisi et éclaté contre le mur... Ça faisait du bien quand ça s'est arrêté. J'étais toute calme... Jusqu'à ce que je me sois mise à sentir du sang tomber sur ma joue.
Que ça fasse du bien de se défouler sur le coup ne veut pas dire que j'ai adoré les réduire en bouilli sur le plafond. Non, quand j'ai bien compris ce que j'avais fait, j'avais hurlé de terreur... Le psychiatre m'a mise en isolement. Total. J'ai pas bouger d'ici depuis ce jour, les infirmiers me glissent juste ma bouffe sous la porte et ne rentre que pour me shooter pour repartir aussi sec. Je sors juste sous sédatif, pour qu'on puisse me laver. Coincée... Je suis coincée... Je crise comme ça depuis... Depuis quand déjà ?
Chap.1 : Goodby Dady.
Ah oui, selon le psy la mort de mon père m'a causé un choque tel que mon esprit s'est mit à se foutre de ma gueule. Papa... Pourquoi tu t'es tiré une balle dans la tête ? Pourquoi ? Parce que t'avais trop de boulot ? Parce que tu avais honte que ta fille ait un don ? Non, t'étais pas comme ça, c'est pas comme ça qu'on te décrit. T'étais un grand homme blond avec des yeux rouges et un sourire à la limite du génie du mal. Merci pour l'héritage oculaire au fait, rien de mieux pour te faire traiter de vampire. On m'a dit que tu t'occupais de moi quand j'étais bébé avec un grand plaisir, que tu n'as pas supporté ma première journée d'école parce que j'étais ta petite princesse qui pleurait. Désolée Papa, mais ta petite princesse a mal tournée...
On m'a dit que tu me berçais la nuit parce que dans les bras de la chienne je chialais. Que tu fus... Presque euphorique en voyant mon don à l’œuvre. Ouais, on m'a même dit que tu as conservé le biberon dans ton bureau au conseil de ville. Que tu te plaisais à dire que j'allais sûrement me mettre à sauver le monde plus tard... Mais on m'a aussi dit que tu ne te plaisais avec la chienne. Que tu ne la supportais plus mais que tu gardais les apparences pour moi. Ouais Papa, on m'a dit pour toi et Tante Mary. J'aurais vraiment pas été contre de l'appeler Maman...
Chap.3 : Aunty Mary, Mummy Mary.
C'est elle qui m'a élevé, pas la chienne. Personne ne semble l'avoir remarqué, la chienne est toujours la femme idéal aux yeux de tous à Lusk. Et sûrement pour le reste de cette putain de planète. C'est chez elle que j'allais après les cours, même quand elle était au lycée à enseigner les cours aux plus grand j'y allais, et je jouer avec sa vieille gratte. Ouais, Tante Mary m'a appris à jouer du piano puis de la guitare électrique, et à chanter sans me casser la voix. La seule fois où elle m'a engueulé c'est parce qu'elle a découvert que je fumais comme un pompier. J'ai arrêté la cadence pour elle, mais ça me démange parfois...
Enfin, ici c'est impossible de se fumer une clope. J'ai même plus mon collier. C'est pour éviter les incidents mais putain, UNE CLOPE. C'est pas la mort. J'en étais où Papa ? Ah oui. Tante Mary m'a foutu une méga tarte pour ça et m'a dit de fumer moins. Sauf que j'ai répondu. Je l'ai pas insulté Papa, non ! J'ai juste prit son cendrier rempli à ras-bord de mégots. De la journée. Je me suis calmée sur la clope mais on a bien rit avec ça !
Ouais, c'est elle qui m'a élevé qu'on le veuille ou non. Elle m'a fait goûter ma première bière, une bonne bière irlandaise. Elle m'a montré comment lire des cartes de tarots. Elle m'a apprit les 3 règles de vies de la fille facile. Règle n°1, prendre la pilule quoi qu'il arrive. Règle n°2, toujours mettre la capote. Règle n°3, pas d'exception. Tu peux lui hurler dessus autant que tu veux, elle m'a soutenu et guidé jusque là. Dommage qu'elle soit dans le coma... Je crois pas qu'elle soit sortie, on m'a rien dit.
Chap.5 : Sleepy Mary...
Ouais, Tante Mary a eu un accident de voiture... Un maniaque lui a coupé la route, elle s'en est sortie par miracle mais ne s'est pas réveillée... Elle me manque... En fait... J'ai refait pour la première fois une crise en apprenant ça, ce qui lui était arrivée. J'ai démoli la table du dirlo alors que je pleurais... Ce fut pas très grave, mais ce fut assez violent. Elle s'est littéralement fait écraser de tout les côtés d'un coup. Autant voir le bon côté des choses, on m'a permit de sortir plus tôt, de rentrer chez moi. Voir la chienne ne m'a pas ravi, mais faire une autre crise en classe c'était hors de question.
Selon les docs, ça m'est arrivé à cause du choque émotionnel. Mes médocs sont efficaces mais faut pas déconner. Ils peuvent rien si j'ai le moral dans les chaussettes. Ouais Papa, après ta mort j'ai dû prendre des médocs. Je commençais à entendre des voix. A voir des choses qui existaient pas. Des hallucinations, j'avais des saloperies d'hallucinations qui me rendaient instable. Tu sais... Je contrôlais très bien mon pouvoir avant qu'elles ne viennent... Mais quand tu contrôle parfaitement un truc sans te contrôler toi, ça devient dangereux.
Chap.2 : Can't control anything.
Très dangereux, tu peux tuer quelqu'un en le prenant pour un monstre. Les médecins m'ont donnés mes médocs. Mais... Je sais pas, quand je les prend apparemment mon cerveau s'emballe et ne maîtrise pas mon don. Du coup ça fait comme dans poltergeist, ça bouge tout seul sans même que je le sache. Les médecins ont dû jouer avec les doses pour que j'ai un peu de contrôle mais que les hallucinations me prennent pas le crâne.
Et ouais Papa, je suis malade. Et c'est grave. C'est à cause de ça que je suis dans cet asile. J'ai eu la crise de ma vie... Je me suis pas contrôlée et j'ai pas cherché à le faire. Je voulais juste faire payer la mère de Carrie pour ce qu'elle a fait... Ouais, Carrie White, petite Carrie avec sa mère complètement folle. La fanatique religieuse de la commune mais qu'on ose pas dénoncer parce que c'est pas nos affaires. Je vais te dire un truc qui va te décevoir mais...
Chap.4 : Sweet Miss White
Carrie White, mon amie d'enfance, celle avec qui j'ai fait le catéchisme et ma communion... La petite fille avec qui je jouais en sortant des cours et que je protégeais des autres parce qu'elle était la fille bizarre de l'école. Cette même Carrie que j'ai perdu de vu en adoptant mon style de vie rebelle et hard rock. Je... Je lui ai fait la cour et on est sortie ensembles. En secret parce que sinon sa mère allait la battre à mort mais ce fut un de mes amours... Ne me demande pas comment j'ai fait pour la décoincer, j'ai réussi et c'est tout.
Chap. 6 : I fall...
Mais la chienne a glissé la supposition qu'on soit ensembles à sa mère... La chienne la tué indirectement en faisant ça ! Nan, en fait elle l'a tué en sachant comment s'y prendre pour que ça paraisse innocent... Sa mère l'a massacré à coup de couteau de cuisine et la chienne ne semblait même pas choqué à la scène depuis la fenêtre de la cuisine. Elle avait même ce putain de sourire sur le visage... Et la mère de Carrie qui hurlait en se faisant trainer dans la voiture de police que le diable avait possédé sa fille pour coucher avec la pute de Babylone. Ouais, elle parlait de moi en disant pute de Babylone.
Et les légistes qui ont fait tomber le brancard où était posé le corps de Carrie. Quand j'ai vu son visage meurtrie, son corps lacéré... Je... Je ne sais pas, peut-être qu'il devait y avoir le stress de l'état de Tante Mary qui jouait mais... Je n'en pouvais plus. Je voulais tuer cette garce. Les voix me le disaient, les gens autour de moi étaient juste des monstres qui ont permis ça d'arriver... Je ne me souviens pas grand chose à ce moment là. Juste que... Que j'ai écrasé cette voiture de police où sa mère était, je l'ai réduit en crêpe. Cette cinglée est morte et ça faisait du bien, les monstres autour de moi volaient et se faisaient écrasés, envoyé contre les voitures. Ils mourraient... Du bien...
Chap.7 : And I regret.
Puis je me suis réveillée attachée à un lit d'hôpital. La police était là, je comprenais pas puis la mémoire m'est revenue. La crise. La grosse crise qui avait apparemment coûtée la vie à beaucoup de monde... Mes amis Ricky et Max comptaient... Mon meilleur ami Duncan a failli y passer aussi. J'avais tuer beaucoup de gens à cause de ça. Je me sentais mal, très mal. J'avais même vomi. Je ne veux pas tuer qui que ce soit, je veux juste vivre normalement même avec mon don... Je veux plus avoir des crises qui me rendent psychotiques...
La police a cherché a m'interroger, mais j'étais trop mal, je pleurais. Les infirmières les ont fait partir quand j'ai cassé un verre, disant qu'il fallait me laisser ou bien j'allais encore faire une rechute. Tu sais ce que c'est de rechuter ? Sur le moment tu ris, tu t'amuses, tu aimes. Tu en profites parce que t'as plus de barrière, plus de limite ! Puis tu reviens sur terre et tu te sens comme une merde... C'est ce qui s'est passé. Tu fais une dépression pour tout ce que tu as fait pendant ta rechute, tu arrives à peine à comprendre ce qui arrive.
J'étais pas réellement là lors du procès. Physiquement, y avais une présence, une rousse sur le banc des accusés en train de regarder le sol. Râles pas Papa, j'avais le moral au ras du sol et j'osais à peine regarder qui que ce soit. J'ai même pas cherché à me trouver une défense. Quand les avocats m'ont dit de trouver un truc pour ne pas finir condamner je les ai regardé et j'ai juste dit qu'à ma tronche et ma maladie c'était tout vu. J'ai même pas eu à plaider la folie. La justice a décidé que je serais placé en Asile psychiatrique.
Chap.9 : Thank you Lucky Mary... Thank you...
Tu vois Papa. Ma vie fut très glorieuse. Je suis enfermée dans une chambre capitonnée à te parler alors que t'es mort. Ca va pas mieux dans ma tête je crois. C'est un vrai merdier... Je crois que je vais juste fermer les yeux et dormir... Et te foutre la paix, tu peux retourner dans l'au-delà. Je ferme mes yeux et tout est noir, silencieux... Ma maison...
Mais je dois les rouvrir car j'entends un bruit étrange. La porte qui se déverrouille ? A cette heure-ci ? Faut croire qu'il y a du changement dans l'air. Je regarde mon médecin qui était sur le plafond, penchant la tête sur le côté. Qu'est-ce qu'il foutait là ?
"Vous foutez quoi au plafond ?"
Le médecin soupira, se frottant les yeux avant de me regarder. Ce petit homme aux cheveux grisonnant me faisait un regard que je connaissais pas très bien, mais ça semblait entre l'amusement et le désespoir. Si c'est même possible.
"Eve, tu es accroché au plafond ?"
Ah, c'est pour ça que mes cheveux pendaient vers le haut ? Que je vois des formes de mains sur le plafond, enfin le sol capitonné depuis tout à l'heure ? Je me suis ramassée soudainement sur le sol après la révélation. Ce qui soutenait ça dans mon cerveau a dû se retirer, cette petite pensé qui voulait que je flotte et qui a activé mon don. Le médecin se contenta de rouler les yeux alors que je me relevais, tenant mon nez. Le choque a dû m’exploser les veines, ça fait mal !
"Allez Eve, nettoyez-moi ça comme vous pouvez, vous avez une visite."
Je relevais la tête quasi immédiatement, frottant le sang sur ma manche. Une visite ? Une visite ? Sûrement la chienne, mais à l'heure actuelle je vais prendre n'importe quelle visite d'elle comme un soulagement. Je me sens seule ici. Isolée et sans visite en temps normal, même pas pour les fêtes. Je suivi le doc, une infirmière me tendant un mouchoir pour mon nez. Même pas un sédatif ? Rien ? Comme je suivais le psy je me demandais en quelle occasion j'avais droit à un tel traitement de faveur ? Peut-être un changement médecin. Vu l'âge de mon psychiatre actuelle je pense qu'il doit songer à une retraite...
Ou alors une visite officiel, une vraie de vraie vu qu'on m'amène à la salle des visites. Si, c'est écrit sur le panneau dans le coin. Allez, je pari que c'est avec la chienne. Le psychiatre me regarda, la clé dans la serrure, comme pour m'avertir d'un truc.
"Et surtout, soyez polie, c'est une personne très importante."
Bon, on oubli la chienne elle est pas si importante que ça. Je le regardais tourner la clé et m'ouvrir la porte, m'incitant à entrer alors qu'il allait dans l'autre salle. Celle de l'autre côté de la vitre teintée. Alors que moi, je rentrais dans la salle des visites. Et j'ai manqué de perdre l'équilibre, j'ai dû m'accrocher au cadre de la porte en ouvrant bien grand mes yeux rouges.
"Putain de merde... Tante Mary... ? Mais tu... T'es réveillée... Mais depuis quand... ?"
La femme rousse me regarda avec un sourire en coin, plein de confiance, remettant ses lunettes sur son arrête nasale. Elle était réveillée. Elle était sortie de son coma. Et m'a rien dit ? J'osais pas m'avancer, je continuais de l'étudier, limite la dévisager. Mêmes yeux verrons, même chevelure de feu, même paire de lunettes. Elle portait une tenue élégante, un chemisier avec un veston noir ainsi qu'un pantalon noire avec des talons aiguilles. La seule tâche dans ce décor était sur quoi elle était assise. Un fauteuil roulant.
"Hey, tu viens t'asseoir ou je dois te céder la place ?"
Je me suis reprise, m'avançant jusqu'à la chaise en face. Tante Mary, Tante Mary était une personne importante ? Qu'est-ce qui était important chez une prof de musique ? Je m'asseyais et les question fusaient dans ma tante sans sortir de ma bouche. Pourquoi on m'a rien dit, qu'est-ce qu'elle a fait pendant son internement, pourquoi venir me voir maintenant, qu'est-ce qui est si important que ça. Ma tante se contenta d'allumer une cigarette. Alors que c'est interdit.
"Je suppose que tu dois te poser une ou deux questions. A commencer, pourquoi je suis pas venue te voir avant."
"Ouais, je vais pas le cacher Tante Mary..."
Elle tira une bouffée de cigarette, me regardant avec un léger sourire.
"Parce que personne avait le droit de venir te voir, pas même la trainée qui te sert de mère. Maintenant, tu dois te poser la question, j'ai fait quoi à mon réveil ?"
Je hochais la tête, admirant la facilité avec laquelle les mots sortaient de sa bouche, presque aussi facilement que la fumée de sa cigarette.
"J'ai hurlé parce que je sentais plus mes jambes, mon nerf s'est sectionné lors de l'accident et mon disque rompu. C'est pour ça que je dois être en fauteuil roulant. Tu remarques pas un truc sur le mien ?"
Je haussais un sourcil, me penchant quand même sur la table pour étudier ce fameux fauteuil. Oui, il était différent des autres. Le siège semblait pour se rétracter de lui-même, il était motorisé, possédait un pavé numérique... Le tout dans quelque chose d'assez concis. Je la regarda, accoudé à la table. Un peu trop moderne pour les moyens d'une simple prof de musique...
"C'est un nouveau modèle offert par un association ?"
Ma tante rit un bon coup, jetant la cendre de sa cigarette sur le sol sans aucune gêne. Ouais, je reconnaissais bien ma tante, tout était bon pour rire.
"Modèle unique au monde. Il s'agit d'un cadeau d'un de mes collègues de boulot. Luka Hanlov, le professeur de technologie. Je travaille dans une école un peu particulière en fait. Je me suis portée candidate au poste de professeur de musique de la Miami Special School. Tu sais ce que c'est ?"
"Non, je suis en isolement total depuis 2 ans et demi."
Ma tante plissa les yeux un instant avant de regarder le faux miroir de la pièce. Elle semblait presque inquisitrice dans son regard, celui disant qu'elle va te latter les couilles si elle peut. Puis elle est revenue à moi.
"C'est un établissement en Amérique pour les jeunes comme toi, avec un don. Et je me suis arrangée avec la directrice pour t'y inscrire sans que ta mère puisse y faire quoi que ce soit."
Je soupirais, la regardant avec un air abattu. C'est pas pour moi ça, pas avec ce que j'ai. Je baissais la tête, je savais largement que je ne pourrais jamais être inscrite.
"Tante Mary c'est cool mais... Je... Je suis internée ici, je suis schizophrène et je dois prendre des médicaments."
"Ouais, Dana le sait, je le lui ai déjà tout dit. Elle m'a simplement dit d'attendre une année supplémentaire afin qu'on puisse arranger ça avec ton médecin. Il manque juste ta signature."
Je releva la tête brusquement. Juste ma signature... Comme ça, là, je dois juste signer un truc et je suis libre. Je regardais Tante Mary sortir une feuille de la sacoche accroché à son fauteuil, ainsi qu'un stylo qu'elle me tendit. J'en tremblais quand j'ai saisi le stylo, lisant le papier avec attention. Juste ma signature... Juste MA signature... Je l'ai donné. Tante Mary me frotta le bras en me souriant, je me suis jetée sur elle pour l'enlacer en pleurant.
Merci Tante Mary.