Encore une fois, je me trouvais dehors. J'errais, sans but particulier, ma capuche rabattue sur ma tête, mon sabre à la ceinture et les mains dans les poches. En cet instant, je ressemble à n'importe quel homme. Un mouton de plus au milieu des brebis de dieu. Mais ne voyez vous pas que c'est un mouton noir qui se tient au milieu du troupeau ? Non vous ne le voyez pas. Parce que vous êtes aveugles. Vous n'avez jamais vu plus loin que le bout de votre nez. Vous n'avez jamais été plus loin que vos propres idées et convictions. Alors vous pensez que je suis comme vous, parce qu'en cet instant, vous ne cherchez pas à voir quel genre d'homme se cache sous cette capuche. Un homme. Non. Quel genre de monstre. Mais vous le saurez bien assez tôt. Je marche dans Little Havana. Je me perdais petit à petit dans les rues. Sans me perdre pourtant, car je connais l'endroit par coeur. Ce sont juste mes pensées qui s'échappent pour s'envoler vers je ne sais quel coins reculés de l'univers.

Je marche encore puis j'aperçoit un petit attroupement de trois ou quatre personnes. J'avance dans leur direction, sans m'en occuper. Mais à mesure que j'avance vers eux, je les entends. Je relève la tête pour les regarder, d'abbord tout les quatres puis seulement le petit gars à la clope. Un pyromancien. Ils parlent de tours de magie, de fous. Enfermer les fous. Mais ce sont eux les fous. Ce sont eux les fous de se trouver là devant moi. Ce sont eux les fous de prendre ce gosse pour moins que rien. Parce que les seuls moins que rien ici. Ce sont eux. Eux sur qui j'abattrai le bras armé de ma vengeance empreint d'une colère sans nom. Et comme dit dans la bible, ils comprendront pourquoi mon est l'éternel quand sur eux s'abattra la colère du tout-puissant. Je m'élance quand ils commencent à le frapper, je fend la nuit comme l'arme que je suis, comme la lame de mon sabre qui scintille dans le ciel nocture alors que je me détache de celui-ci pour apparaître dans le dos de l'un des trois hommes. "Est-ce que vous croyez aux monstres ?"

Il n'a pas eu le temps de me répondre que me lame s'enfonçait déjà dans sa chair, coupant comme dans du beurre, les os ne résistait pas non plus à l'affutage du sabre japonais. D'un coup sec, je le coupais en deux à la diagonale, sans ménagement d'aucune sorte. Sans aucune forme de pitié. Aucune non plus quand sans attendre de réactions, je plaque mon autre main contre le visage du second et je libère une fraction de mon pouvoir réduisant les os de son crâne et son cerveau à l'état de rien. Juste un impact interne. Aucune marque extérieure. Et pour le troisième, je lui balance mon talon dans le nez en libérant un impact un peu plus violent pour un coup double. Le projetant sur plusieurs mètres en avant lui cassant également le crâne ainsi que quelques vertèbres dans un craquement sinistre.

Je finis par me tourner vers le jeune homme. Je le toise du regard, j'observe les flammes qui s'échappent de son corps. C'est un pouvoir puissant, très puissant. Le feu. Il sera le feu. Il sera la matérialisation de flammes de ma colère. De ma haine. Alors je plante mes yeux dans les siens pour qu'il puisse contempler le véritable enfer. Qu'il puisse voir qu'il n'est pas seul à souffrir ou avoir souffert, je le regarde comme ça un instant. "Si tu ne veux pas d'ennuis, tu devrais m'accompagner."

Je tourne les talons alors qu'il accepte de me suivre et j'avance. Je l'attends sans l'attendre. Je marche juste un peu moins vite le temps qu'il revienne à mon niveau. J'essuie la lame de mon sabre sur le chiffon que je garde toujours dans ma poche revolver avant de rengainer presque sans bruits alors que les flammes cessent de briller pour laisser place à la noirceur de la nuit. La route était à peine éclairée. Mais l'endroit n'a pas de secrets pour moi alors j'avance dans le noir. Je me dirige vers Santo Gabriel. Mais avant tout, lui et moi nous devons parler. "Dis moi, ces gars ils t'ont agressés à cause de ton pouvoir. Qu'est-ce que tu ressens vis-à-vis d'eux ? Est-ce que tu les hais ? Est-ce que tu es heureux, de les savoir mort ?" Je parle sans détour je veux savoir parce que dans son regard, j'ai vu cette souffrance que je connais très bien. Trop bien.

J'avance sans même le regarder. En allant droit vers mon but. Cependant, je ne lui cacherais pas que j'ai besoin de lui, de son pouvoir. Que j'ai besoin de sa souffrance, qu'il fera partie du fer de lance de l'organisation. Mais avant je dois savoir. Je dois savoir ce qu'il pense de se ramassis de misérables, de cette version obsolète de l'homme qui foule encore cette terre alors que nous nous faisons de plus en plus nombreux. "Si je te disais, qu'en me suivant, tu pourras avoir ta revanche. Tu pourras leur faire payer à tous, leur faire regretter le traitement qu'ils nous infligent à nous, les détenteurs de dons. Est-ce que tu me suivrais ? Est-ce que tu accepterais de t'élever au niveau des anges ? Les anges de la vengeance, les anges noirs ? Pour l'instant, nous vivons dans l'ombre. Mais nous ne tarderons pas à nous élever."

Je ne suis pas fou, je ne m'attends pas à ce qu'il accepte mon invitation sans rien dire, sans rien avoir à me demander. Alors je continue ma route en attendant qu'il parle, qu'il demande. Parce que même si j'ai été direct, je n'ai pas tout dit. Je n'ai rien dit. Ce ne sont que des paroles qui se sont envolées sitôt sorties de ma bouche. Libre à lui d'en faire ce qu'il désire. Je n'ai pas vraiment mentionné l'organisation, mais j'ai parlé de notre but, sans vraiment dire que ça l'était. Alors oui, il aura sûrement des questions. Des questions que j'attends en marchant tranquillement. Les mains dans les poches, le regard perdu dans la nuit.  

Il est dans le bon esprit. Il pense que ces gens méritaient leur sort, et il a raison. Ils méritaient de mourir ici. Beaucoup d'autre mériterait de mourir aussi. Mais leur tour viendra bien assez tôt. J'appuie ses paroles avec un léger hochement de tête en continuant de marcher en direction de la vieille église. En direction de Santo-Gabriel, le repaire des anges noirs. Mon repère, l'une des anciennes maison du seigneur. De ce seigneur qui m'a abandonné qui nous a tous abandonné, comme il l'a fait pour cette église. Puis il me demande si je suis accompagné, si d'autres souhaitent comme moi, rendre la justice. Oui nous sommes plusieurs et nous nous ferons justice expéditive. "Non, je ne suis pas seul. Nous sommes plusieurs. Cependant nous n'avons pas tous les même motivations. Certains m'ont suivit car ils veulent la même chose que moi. Ils exigent réparation de ce qui leur a été fait. D'autre me suivent parce qu'ils ont besoin de quelqu'un derrière qui se ranger, de simples moutons. Et certains sont là juste parce qu'ils en ont envie. Et si je ne me trompe pas, si tu te ranges derrière moi, c'est parce que toi aussi, tu veux que justice soit faite. Tu veux voir tomber la tête de ceux qui se prenent pour nos bourreaux. Ai-je tort ?"

Non, je n'ai pas tort, je le sais. Ce gamin en a vu. Peut-être pas autant que moi, mais ça se voit. Il a morflé. Et en plus de tout ça, il est encore jeune et à encore beaucoup à apprendre, de lui et de son don. Il constitue donc un élément des plus intéressants pour renforcer les rangs de l'organisation. Il me reste également une dernière chose à savoir. Quelque chose qui fera de lui un élément indispensable. Juste une question, à laquelle j'espère recevoir une réponse positive. Parce que cela m'ouvrirais de nouvelles portes et m'apporterais de nouvelles opportunités. "Est-ce que tu es inscrit dans cette école qui a ouvert il y a deux ans ?"

Encore une fois alors que j'aperçois les portes de l'église presque effondrées se dessiner face à moi dans la nuit noire. Des portes dont je franchirais le pas comme d'habitude. Mais pour lui, y entrer signifiera me suivre. C'est son choix à lui. Mais en attendant, j'ai une dernière précision à lui apporter. Après cela je ne pourrais pas faire plus mis à part répondre à d'autres éventuelles questions. "Notre but est de rétablir l'ordre naturel des choses. Cependant, quiconque nous fait obstacle est notre ennemi. Utilisateur de don ou non, quiconque se dresse sur notre chemin est considéré comme l'égal de la vermine dont nous souhaitons purger le monde. La pitié n'est pas de mise.."

Puis je passe les grandes portes en vieux chêne qui s'ouvrent dans un bruit sourd dévoilant l'intérieur de l'édifice à moitié en ruine, ainsi que l'autel fendu en deux. Une fois à l'intérieur, je me retourne pour lui faire face. Pour attendre de voir si il va faire le pas ou non. Je lui ai montré la lune. A lui de voir si il veut la toucher, ou non.  

Tout est bon, presque parfait. Il veut sa vengeance comme je veux la mienne et je la lui apporterait. Je lui servirait nos ennemis sur un plateau, je l'aiderais à progresser en plus de cette école si il le faut. Mais il deviendra l'un de meilleurs, l'un des plus puissants. Il sera les flammes de cet enfer qui nous a rejeté. Je le regarde franchir les portes avec attention. Je le regarde faire ce pas décisif. Ce pas qui scelle son engagement envers moi. Envers l'organisation. Ce pas qui semble si insignifiant mais qui le fait avancer d'un bon vers cette justice qu'il désire tant. "A partir de maintenant, tu fais partie des anges de Nelo Angelo. Et c'est moi Vatlaw Schiffer qui dirige cette organisation. Je ferais de toi la flamme de notre vengeance. Tu veux les voir brûler ? Je t'accorderais cette satisfaction." Je la lui accorderais, mais avant ça, il faut qu'il devienne plus fort encore et que son pouvoir grandisse jusqu'à pouvoir embraser le monde. D'un geste désinvolte, je désigne le sol de l'église. "Dans les catacombes de cet édifices, se trouvent nos quartiers. Tu pourras y aller et venir à loisir, maintenant que tu as choisi de me rejoindre. Tu es maintenant un ange, alors je te fais confiance. Ne trahis pas cette confiance." Je laisse mes yeux se planter dans les siens pour faire le reste, il est inutile de lui faire savoir que la sanction encourue si il venait à nous vendre serait, la mort. Mais je sens qu'il ne le fera pas. Il tient bien trop à sa vengeance, il nourrit bien trop de rancœur envers cette troupe de brebis galeuses restées fidèles au seigneur. "Je ne te cache pas que nous fonctionnons encore dans l'ombre pour le moment en attendant notre heure mais quand elle viendra, soit sûr que nous seront redoutés et crains par tous, nous seront le fléau de ce monde. Cependant, tant que tu étudie, je te demanderais de rester discret. Et de me rapporter des informations sur cette école. Elle m'intéresse particulièrement." Je le regarde encore un petit moment, ce nouvel ange, un véritable ange noir n'ayant pour but que sa vengeance et la mort de ceux qui ont un jour fait l'erreur de s'en prendre à lui. "Maintenant, donne moi ton nom. Et soit le bienvenue au sein de Nelo Angelo. Je suis l'incarnation de la vengeance, tout comme toi et les autres. Et ensemble, nous seront légion et nous anéantirons les hordes impies. Quand nous nous élèverons, l'heure du jugement dernier aura sonnée."