♚ Le samedi 30 août 2014.

   Il est tard, trop tard. Ou bien trop tôt. Mais peu m'importe. Ce n'est pas le moment que j'attends. Pas encore, alors que je me trouve perché en haut d'un immeuble en train de fixer les rues, ma capuche sur la tête et mon sabre à la ceinture. Miami. C'est là que je suis né. Par deux fois. Et c'est là que tout va commencer. Je regarde toutes ces lumières, celles qui sont immobiles, celles qui dansent. Mais c'est sans le voir que j'admire ce spectacle qui serait délicieux et merveilleux aux yeux de tout homme. Mais ça fait déjà des années que j'ai cessé d'être un homme. Des années que l'humain est mort penché sur le corps de sa mère a qui il a lui même ôté la vie, des années que c'est un monstre qui s'est relevé à sa place et compte bien remplir le devoir qui lui incombe en tant que tel. C'est bien de moi que je parle oui. Il me serait tellement facile de tout détruire. Et j'en ai tellement envie. Mais ce n'est pas comme ça que ça marche. Non. Je vais prendre mon temps. Vous briser, vous regarder ramper et savourer chaque instant de votre longue agonie. Profitez du peu de temps de paix qu'il vous reste, profitez en autant que je vais profiter de ma guerre. Car oui c'est la guerre que je veux. Mais même si je le peux, une guerre ne se mène pas seul. Il me faut plus de monde. Nous ne sommes pas encore assez nombreux. Mais c'est de plus en plus vite que nous approchons de cet instant qui fera ma fierté, de cet instant qui marquera la fin du monde tel qu'on l'a connu. Je vais réveiller les esprits. Et leur montrer à tous que les monstre ne sont ni sous les lits, ni dans les placards. Et  ne me dîtes pas que ça n'existe que dans votre tête, parce que... Je suis là, moi.

♚ Une nuit. Juin 2012.

"How many fools can I kill today, too many to count. Don't get in my way."

C'est ce que je lui ai répondu, sans même le regarder, en continuant d'avancer en passant à côté de lui et de sa petite bande de loubard qui ne valent rien. Lui, celui qu'on appelle le nettoyeur, une brute épaisse qui ne se complais que dans la violence. Une petite frappe comme on en vois des milliers dans une ville comme celle-ci, sans aucune ambition, seulement bon à déclencher des rixes dans les bars. Alors je passe mon chemin, je ne lui donnerais pas ce qu'il souhaite. Et pourtant, je l'entend pester alors que je passe mon chemin. Me somer de ne pas l'ignorer en me balançant quelques insultes qui se seront envolées bien loin sans m'atteindre alors que je continue d'avancer les mains dans les poches. Mais il ne compte pas s'arrêter là, il veut absolument son combat. J'entends ses pas claquer derrière moi, son poing fendre l'air alors que je me décale d'un pas sur le côté et quelle n'est pas ma surprise quand en trébuchant sur ma jambe que j'avais volontairement laissée sur son passage, le coup qui m'était déstiné s'en va fendre le sol y laissant une belle marque. Il a su capter mon attention. Alors je vais lui donner son combat, je serais son adversaire. Mais j'y met ma condition. Si je gagne, il me suivra ou il mourra. Il ne se dégonfle pas, c'est apréciable. Je retire ma capuche et resserre bien mon sabre à ma ceinture alors que ses hommes font cercle autour de nous. Il n'attend pas pour me foncer dessus. Mais il peut avoir toute la force qu'il veut, il est bien trop prévisible. Aussi il semble surpris quand je passe sous sa garde pour frapper son foie du poing avec force en libérant une onde de choc très légère mais vibrant à haute fréquence, de quoi l'amocher sans le mettre en morceau d'un seul coup. Il se plie en deux alors que je me redresse pour le toiser du regard en lui demandant si c'est tout, si j'ai déjà gagné. Je veux qu'il s'énerve. Qu'il me montre jusqu'où peut aller sa force. Et je ne suis pas déçu lorsque d'une main il va s'emparer d'un panneau de signalisation qui était il y a quelque seconde de ça encore bien soudé au béton. Il va pour frapper, j'évite le premier coup d'une rotation sur le côté en plaçant ma main sur la poignée de mon sabre. Au deuxième coup je dégaîne et je laisse une légère inflexion de mon pouvoir parcourir ma lame et trancher net l'acier du panneau en envoyant un morceau s'écraser à terre alors que je me recule en rangeant mon arme. Il est surpris, très surpris qu'on puisse ainsi lui tenir tête. Mais il ne lâche pas et revient au contact alors que je laisse mon pouvoir affluer dans ma main gauche. Encore une fois, je passe sous sa garde et juste avant que mon poing ne le touche, je libère l'onde de choc au niveau de son estomac, l'impact est seulement physique et le projette à quelques mètres dans les airs avant qu'il ne revienne s'écraser au sol comme une vulgaire poupée de chiffon. Il ne se relève pas. Il me dit juste qu'il honorera son engagement. Et qu'il me suivra. Qu'il me prêtera sa force au moindre mot. Je tourne les talons en rabattant ma capuche sur ma tête, en glissant les mains dans mes poches et en lui laissant une indication sur le lieu où me trouver avant de dîsparaître dans la nuit après avoir rompu le cercle d'homme à l'air attéré qui nous entourais encore un peu plus tôt.

"Santo-Gabriel."

♚ Un après-midi. Mars 2007.

Voilà maintenant trois ans que j'ai quitté la maison de mes parents en y laissant seulement leurs cadavres pour me réfugier dans les ruines de Santo-Gabriel. J'ai vingt-deux ans et je ne rêve que de voir le monde brûler. De voir tous ceux qui m'ont fait souffrir, le payer de leur vie. Et il vont payer, j'en ai fait le serment devant ce dieu que j'ai finit par renier il y a des années de ça. Parce que je n'était qu'un gosse qui pouvait encore se nourrir de faux espoirs et de chimères. Mais ça, c'est terminé. Maintenant je ne suis plus qu'un monstre. Un fléau. Le fléau de l'humanité, celui que tout le monde redoutera, celui dont la simple évocation même détournée, insufflera la peur et l'effroi dans les cœurs. Mais pour l'instant je dois rester dans les coulisses avant de faire une entrée grandiose. Alors je marche dans la ville, sans faire de vagues. Aujourd'hui sera un jour calme comme un autre. Du moins c'est ce que je croyais. Aujourd'hui allait être un jour rouge. Rouge comme le sang qui allait couler aujourd'hui. Elle a couru vers moi, elle est passée à côté de moi à toute vitesse sans s'arrêter et à peine quelques instants après, c'est tout une bande de mecs aux airs plus louches les un que les autres qui m'apostrophent en me demandant si j'ai vu une jeune femme et par où elle est partie. Je me suis compensé d'hausser les épaules et de continuer ma route comme si de rien était. Enfin, je voulais continuer, mais il se trouve qu'ils ont attirés mon attention par de simples mots. "On va l'avoir cette sorcière." De simples mots qui ont suffit à jeter de l'essence sur ce brasier qui m'animent, qui ont suffit à me donner envie d'en savoir plus. Alors je les ai suivit, discrètement, sans aucun bémol. Jusqu'à ce qu'ils la retrouvent. C'est allé très vite, ils l'ont coincée comme des loups coincent une proie et ils n'ont pas attendu pour lui sauter dessus, elle s'est défendue. Admirablement bien, en envoyant quelques un au tapis. Mais ce n'étais pas assez. J'aurais pu la laisse mourir ici, ce soir. Se faire tabasser à mort et crouler sous les insultes. J'aurais pu, si cela n'avais pas éveillé en moi tant de souvenirs, tant de douleurs. Alors je me suis élancé en sortant mon sabre du fourreau. Je les ai massacrés, exterminés, éradiqués et même pour l'un d'entre eux, désintégré, pulvérisé par une onde de choc extrêmement violente. Et je suis resté là, au milieu des corps, tâché de sang, mes yeux se perdent dans le liquide écarlate qui recouvre le sol avant d'aller se poser sur elle. Je la regarde un moment, des minutes qui semblent interminables. Puis je tourne les talons pour m'en aller. Je comptais la laisser là. Mais c'était sans compter sur le fait qu'elle s'est relevée et à commencée à me suivre, à me parler, à me questionner. Comme si ce que j'avais fait était normal. Je l'ai regardée encore. Et j'ai vu dans ses yeux, la reconnaissance. Elle ne me lâcherais pas. Au début ça m'a contrarié. Parce que je ne savais pas que cette jeune fille allait devenir mon alliée la plus fidèle et la personne dont je suis le plus proche en ce bas monde.