Je m'appelle Ash et je fête aujourd'hui mes dix-sept ans. J'ai promis à mes parents de rentrer à la maison aussitôt la fin des cours. Franchement, j'aurais préféré être avec les copains. On se serait bien amusés, même si certains ne sont pas fréquentables. Je ne suis plus un gosse à présent. Franchement ! Un peu sur les nerfs, je suis seul sur le canapé de la maison. Mes parents sont occupés à l'extérieur et je devais attendre. Ils ont promis de revenir rapidement. Je me lâche sur mon portable avec mon meilleur ami. Je suis énervé. Je lui promets de le rejoindre dès que je serais libre.
Puis, je remarque l'album photo familial. Cette couverture en cuir vert m'est familière. Je dépose mon smartphone et je le prends. Je l'ouvre. Je me calme. C'est bien le livre qui me concerne : le spécial « petit Ash ». Les anecdotes que ma mère répétait sans cesse me reviennent. J'ai toujours fait la sourde d'oreille, mais je gardais toutes ses informations au fond de moi. Car après tout, mes parents sont ceux qui m'ont fait naître. Ils m'ont éduqué. Et avant de vous dire quel homme je suis devenu, je vais prendre le temps de vous raconter celui que j'étais à mes trois ans. Celui que vous côtoyez chaque jour.I.
Ma première respiration.
On m'a toujours dit que j'ai une imagination débordant. Je ne pense pas spécialement. C'est juste que je prends le temps de me questionner sur l'existence humaine. J'imagine bien qu'on a tous eus une période de découverte en dehors de la chaleur maternelle. J'étais bien caché dans ce monde étroit. Je n'avais besoin de me soucier de la nourriture ou du danger. J'avais confiance en ma coquille, pourtant fragile. Mais voilà, j'avais envie de sortir. J'ai tapé de toutes mes forces. J'ai cherché la sortie. Une force invisible m'a aidé à m'extirper de ma grotte. C'était puissant et en même temps rassurant.
J'ai fini par sortir. Je ne voyais rien, je n'entendais rien. Il faisait froid et je sentais la vie me quitter. J'ai cherché à la maintenir en moi. Personne ne s'inquiétait de ma santé. J'ai compris immédiatement ce que je devais faire. J'ai inspiré à plein poumon, l'air me brûlait la gorge. Et j'ai hurlé de toute mon âme.
Les médecins ont félicité mes parents. Ils ont dû informer de mon sexe. J'étais un garçon en pleine forme. On me belotait dans tous les sens. On m'habilla tout en faisant attention à mon corps chétif. J'ai fini dans les bras d'une personne. Sa chaleur m'était familière. Elle me poussa à me calmer et je finis par me taire. J'étais épuisé par tant d'effort fournit. Je commençais à dormir. Je suis resté un long moment près d'elle et sa sécurité. J'ai même eu droit à un bisou pour féliciter de mon arrivée. J'étais heureux. Cette personne, c'est ma mère. Elle aura le rôle de m'éduquer tout en me protègent. Elle s'inquiétera sans cesse de ma vie, en étouffant mes décisions. Elle refusera sûrement mon indépendance. Elle pleura peut-être en voyant son fils avec une autre femme. Mais qu'elle se rassure. Elle est la première femme de ma vie, lier jusqu'à ce que la mort nous sépare. Je trouve que ça sonne comme un mariage. Soudain, on m'extirpa de ma mère.
Soudain, on m'extirpa de ma mère. J'avais eu peur. Je voulais y retourner. Pourquoi est-ce que je devais me retrouver loin d'elle à peine née ? Je me suis trouvé dans les bras d'une autre personne. Elle me tenait maladroitement. Sa peau était rigide, il avait peur. J'avais peur de tomber. J'ai pleuré de tout mon être en espérant que ma mère me reprenne. Puis soudain, j'ai ressenti une secousse. Non ! En réalité, on me berçait lentement. Cette inconnue se détendait et je l'ai récompensé en m'arrêtant de pleurer.
Ses mains prenaient toutes les précautions à me tenir. Elles prenaient toutes les précautions à me tenir. Elles ont vaincu ma crainte. J'étais plus en sécurité que chez une autre personne. Elles sont devenues ma référence et m'accompagneront à l'avenir, car c'étaient ceux de mon père. Cet homme qui deviendra mon guide pour devenir un homme parmi vous. On aura bien évidement des conflits, on se réconciliera. On se dira « je t'aime ».
Je suis fier d'être leur fils. Je suis heureux d'être auprès d'eux.
- Il s'appellera Ash.
II.
Mon installation chez les Drake
Les jours suivant mon arrivée, je n'étais pas aussi angélique qu'à l'hôpital. Je confondais le jour et la nuit. Je pleurais à toute heure aléatoirement afin de demander mon lait. Le contact avec la peau de ma mère était le plaisir que j'appréciais le plus au monde. La connexion qui a lieu me réconforte, comme l'instant où j'étais en elle. Son lait était chaud. Son goût me plaisait. De plus, j'avais droit à ses caresses et à la tendresse de ses yeux.
Ce fut qu'à partir d'un mois après que j'avais repris un rythme normal. La maison était redevenue sereine. En même temps, je n'étais jamais seul dans une pièce. Mes parents mettaient un point d'honneur à ce que je sois sure leur champ de vision. Surtout ma mère qui s'occupait de moi, au détriment d'un père travaillant la nuit. Je la regardais faire la cuisine tout en rigolant. Je tapais dans mes mains quand elle faisait le ménage. En toute innocence, j'aimais bien jouer et parler dans une langue dont je connaissais seulement la signification. Mais ma mère me répétait sans cesse que j'étais un enfant intelligent et que j'étais très sensible à mon environnement.
Les médecins disaient que j'étais légèrement avancé pour mon âge. En pédiatrie, on s'étonnait de voir que je tenais déjà les objets contrairement à ceux de ma génération. Je piquais une crise dès qu'on devait me faire mes vaccins. D'ailleurs, j'avais choppé la varicelle à cause d'un garçon. Allez savoir comment je l'avais attrapé. je n'ai jamais posé la question à ma mère. Toujours est-il que ma mère ne supporta pas de me savoir malade malgré toutes les précisions prises. Il a fallu que mon père intervienne pour la calmer et d'accepter de reprendre mon suivi.
III.
Mes premiers pas
Nous étions un vendredi. Mon père venait de finir sa sieste de l'après-midi. Ma mère attendait qu'il se réveille de préparer le dîner. Il s'installa sur le salon pour me surveiller dans mon activité. Puis, soudain, c'est arrivé. De quoi est-ce que je veux vous parler ? De mes premiers pas, voyons.
J'aimais gambader partout dans la maison, un vrai petit chat à la sortie du parc. J'avais de l'énergie à revendre, mais je ne faisais pas de bêtise.
À si ! J'imitais mes parents en ouvrant les placards et en déversant le contenu au sol. Mais est-ce que je comprenais réellement la raison de ce geste à cet âge ? Je ne me posais la question à cette époque.
Enfin, toujours est-il que depuis quelque temps, je commençais me tenir debout. Bon, j'imagine bien que c'était quelque second avant de perdre l'équilibre. Mais à force de voir les adultes marchés, j'ai eu envie de reproduire le mouvement. J'ai commencé méthodiquement en me relevant.
Mon père m'observa au même moment. Puis, j'ai avancé mon pied pour la énième fois. En fait, c'était plus le frottement au sol. Et, je suis tombé. Le choc était douloureux, mais c'était supportable. Je regardais devant moi et je vis le visage de mon père qui avait arrêté son occupation. Les yeux grands ouverts, il avait remarqué la scène éphémère et bien réelle. Il avait eu du mal à le croire en cet instant. Soudain, il se mit à crier le nom de ma mère tout en se mettant à genoux. Je ne comprenais pas ce qui se passait réellement. Et, je ne comprenais pas ma mère, aussi. Mon père m'incita à recommencer.
Ah ! C'était donc ça. Je devais marcher. Alors, j'ai recommencé. Ça a fonctionné une seconde fois. Sauf que là, j'avais réussi à garder mon équilibre pour le premier pas. Le second et le troisième. C'était officiel, je savais marcher.
VI.
Mes premiers mots
- Mama !
Ma mère se tourna d'un coup. Elle crût avoir rêvé. Je ne faisais que sortir des mots incompréhensibles à ses yeux. Alors, « Mama », c'était presque impossible. Surtout lorsque les médecins ont dit que pour une fois, j'étais dans la norme. Elle n'avait pas à s'inquiéter. Elle comprenait si bien que je ne pris pas la peine de parler normalement, tout comme mon père. En plus, elle était concentrée dans la préparation du repas. J'étais sur ma chaise enfant, derrière son dos. Je jouais avec un nounours en forme de dinosaure, tout en faisant parfois « Gaou ». Comme on avait l'habitude de le mettre de côté avant de manger, j'ai donné mon bien en redisant « Mama ! ».
Ma mère s'était figée. Son visage ressemblait à celui de mon père lors de mes premiers pas. On pouvait voir qu'elle était heureuse et fière de moi. Elle voulait s'assurer que je n'avais pas dit ce mot à la légère. Elle m'avait demandé qui elle était. Je comprenais immédiatement la question et je répétais de nouveau, « Mama ». Le lendemain, mes parents s'attendaient à ce que je reproduise ce miracle. J'avais redit, « Mama ».
Je crois qu'en voyant la joie dans le visage de ma mère, ça m'avait poussé à répéter ce mot tout au long de la journée. Les mots « Papa », « tontos » sont venus bien après « mama », mais à partir de l'instant où j'ai compris que je pouvais parler comme un adulte. Enfin, je ne devrais pas abuser des mots en disant que je parlais déjà comme un homme.V.
Une petite sortie
En voyant une photo, je constate qu'on a fait une sortie. J'étais sur un mini-bus en train de rouler au parc. À voir mon sourire, j'étais content d'être dehors. Surtout qu'il faisait un beau soleil, le temps idéal pour faire une petite sortie. Elle me laissait vaquer à mes occupations en étant assise sur le banc. J'étais sûrement avec d'autres enfants en train de jouer. J'ai dû me faire plein d'amis. Puis lorsque j'étais fatigué, j'étais avec elle. Je restais assis près d'elle. Mais, j'étais une vraie pile électrique et je retournais bien évidemment rejouer avec les autres enfants. Et quand ce n'était pas avec eux, je jouais au ballon avec ma mère. C'était sûrement l'une de mes plus belles journées.
VI.
La belle frayeur de ma mère
C'était arrivé un jour, alors que je jouais avec mes nouveaux jouets. Mon père venait de démonter le Sapin de noël.
Nous étions le premier janvier, si je m'en souviens bien. Enfin, si mes parents n'avaient pas changé leur habitude, c'était bien ce jour-là. C'est juste une bride du passé, comme inscrite dans ma mémoire génétique. Enfin, toujours est-il que mon père était parti ranger le sapin.
Sans comprendre la raison, je voulais mettre un doigt dans la prise de courant. C'était pour imiter mon père qui faisait cette action quand il est gai. Et là, un coup de tonnerre arriva. Ce n'était pas la foudre, mais ça y ressemblait. J'ai eu un coup de jus, certes. Mais avant tout, ma mère débarqua derrière mon dos comme une furie. Elle m'obligea à lui faire face. Elle était en panique.
En la voyant ainsi, je me suis mis à pleurer. Mon père débarqua en trombe, alerté par le ton de ma mère. Elle lui expliqua la raison tout en me mettant contre elle. Son cœur battait fortement contre sa poitrine. Je me souviens encore de cette sensation d'accélération. Je me sentais mal, mais ce n'était pas à cause de l'électricité.
Mes parents mettent ce sujet parfois sur la table. C'était l'une des plus belles conneries de mon enfance. Si bien que je ne pus pas oublier cette scène, ni la sensation de ce jour. En fait, quand ce jour me revient en tête, c'est uniquement quand mon cerveau se rappelle de cette peur engendrée.VII.
La belle frayeur d'Ash
La nuit. Le noir. J'en avais peur. Je tremblais dès que j'étais seul dans ma chambre. J'avais l'impression qu'un monstre logeait sous mon lit. Un dragon peut-être. Je ne sais pas, je ne voyais que la sombre silhouette.
Soudain, un bruit survient. Je sursautais. Mon cœur battait la chamade. La créature ne bougea pas. Je me mis à pleurer. Je voulais hurler, mais je n'arrivais pas. Ma gorge se serra.
Parfois, j'ai l'impression de retourner à l'enfance. J'ai du mal à respirer. Mais cette frayeur s'est calmée avec le temps. Or, quand j'observais ses deux globes lumineux, je hurlais « Papa ! ». Puis, je pleurais à pleins poumons. Mon père débarqua rapidement dans la chambre. Il venait de terminer son travail. L'ombre avait disparu. C'était simplement mon imagination. Je tremblais dans ses bras. Je ne parvenais pas à m'arrêter, même ses mots ne parvenaient pas à me consoler.
Est-ce cette chose était réelle ou fictive ? Je ne savais rien. Elle hantait mes nuits, obligeant mes parents à se réveiller à chacune de mes crises d'angoisse. On finit par me faire dormir avec eux. Mais pendant combien de temps ? Et si ce monstre nocturne vivait bien dans ma chambre ? Rêvait-elle de me capturer ? Je ne parvenais pas à transmettre mon message. Je bidouillais des mots incompréhensibles.
Pour la première fois de ma vie, je n'arrivais pas à me faire comprendre. Et mes parents préféraient que je m'habituasse à dormir seul, comme jusqu'à présent. Alors, j'y suis retourné et je voyais qu'il me regardait encore et toujours. Il ne bougeait pas.
C'était une semaine après l'accident de la prise électrique. Et quand j'y pense aujourd'hui, je me marre de cette peur enfantine. Surtout qu'en réalité, c'était juste la lampe fluorescente qui était installée en face de mon lit. Effrayant, non ? Mais cette sensation...VIII.
L'électrokinésie
Mon père me coulait un bain. Ce jour-là, c'était son jour de repos. Ma mère lui proposa de me laver. Histoire qu'il profite de ma présence. J'aimais bien l'eau. C'était rigolo, surtout lorsqu'on mettait des bulles dedans. D'ailleurs, je répétais sans cesse « bulle ! Bulle ! Bulle ! » Tout en sautillant contre le bord. Mon père s'assurait que c'était à bonne température. Puis, il me déshabilla. J'étais une vraie sauterelle. J'aimais être dans ses bras. Ses mains étaient toujours aussi grandes et sécurisantes que le premier jour de mon existence. Il me plaça dans l'eau, je tapotais la surface, tout content. Mon père m'aspergea d'eau. Puis chercha le shampoing spécial enfant.
C'est alors que la chose la plus étrange survient, un début de manifestation de mon don. L'eau se mit à émettre de l'électricité. Je ne ressentais pas grand-chose, mais lorsque j'ai vu le visage de mon père pâlir d'un coup et m'extirper du liquide. Il appela à l'aide. Ma mère arriva soudainement. J'avais compris qu'un accident venait de se produire. Je pleurais une nouvelle fois, car je ne savais pas comment évacuer mon stress autrement. Une dispute se déroulait sous mes yeux. Ma mère croyait que mon père avait électrocuté mon eau sans le faire exprès. Enfin, c'était l'idée première. Je n'avais pas de marques, ni de séquelles. Pourtant, je pleurais sans jamais m'arrêter. On ne savait même plus si c'était avant que mon père me sortît de l'eau ou après. On était un trio contrôlé par le choc de cet instant.
Il me reste encore plein de choses à découvrir, à vivre. Quand je tourne les autres pages après mes trois ans, je me rends compte du temps passé. Ils ont toujours été présents pour moi et je ne leur rends pas assez bien. Je m'en voulais d'un seul coup.
La porte s'ouvre. Je fonce vers mes parents et leur souhaiter la bienvenue. Je voulais leur montrer mon amour. Est-ce l'action qu'ils désiraient voir de ma part ? En tout cas, ils m'ont demandé de me préparer. On allait dans un autre endroit pour mon anniversaire. Un restaurant peut-être. Toujours est-il que revoir ses photos m'a permis de me remettre en question. Ils m'ont tous donné, à moi de leur rendre la monnaie de leur pièce. Enfin, je n'oublie pas ma fierté, avant tout. Je suis indépendant dans mon petit monde.